Longtemps j’ai cherché quel récit je pouvais faire,face à ce que nous nommons «la question des roms en France» Ce que j’ai vu depuis de longs mois ici à Marseille, place d’ Aix ou ailleurs via les medias m’a fait conclure que je n’arrivai pas à mettre en scène « ma question », que celle ci me dépassait par sa complexité et en particulier sa dimension politique, française, européenne. Et que sans doute la seule façon de procéder n’était pas de mettre la question au cœur du processus de travail ou bien à son origine mais que, en se mettant à l’œuvre celle-ci émergerait de manière singulière. Je suis donc allé à la rencontre des familles «roms» habitant à même le trottoir près de l’unité d’habitation d’urgence de la Madrague ville, à Marseille, seul, en expliquant mon désir de montrer leur visages, de raconter leur histoire mais aussi au fil du temps participant aux luttes contre les expulsions sauvages qui ont redoublé de violence cet été 2012. J’ai improvisé des studios cinématographiques avec des fragments de murs, de vieux tapis, réalisant ainsi plus d’une centaine de portraits filmés et silencieux. Les visages ont dévoilé une histoire ancestrale de discriminations, de souffrances mais aussi de force de résistance.
Le silence est un film de 66 minutes. Mai 2013