Désirant installer mon atelier au cœur du processus de transformation de la ville de Marseille, en novembre 2003 j'ai négocié avec l'établissement d'aménagement public Euro méditerranée l'accès à un terrain en attente d'aménagement situé avenue Roger Salengro dans le troisième arrondissement, un ancien site industriel dont il ne restait qu'une dalle de béton et un hangar, isolés du reste de la ville par une palissade.
Au centre de ce terrain j'ai placé une pierre, symbole de ma présence discrète sur le lieu et point de repère a partir duquel j'ai photographié et filmé le contexte environnant.
De Novembre 2003 à Juin 2007, j’ai documenté ainsi tous les détails de la vie sur ce territoire en sursis, des herbes qui poussent dans les anfractuosités du béton à l'évolution de la vie dans le hangar occupé par des sans-abri qui en ont fait leur domicile, leur lieu de résistance. Je partage leur quotidien, les soutiens dans leurs démarches administratives, les aide à trouver un logement. Indistinctement, je photographie et filme, pour en témoigner, les gestes de ces hommes qui dessinent un certain art d’habiter les lieux à travers de simples actions quotidiennes : manger, se vêtir, dormir, boire, laver, se protéger, jardiner, arpenter, etc. Pour affirmer cela : au-delà de l’épuisement, au-delà des apparences, des hommes ici même ont dessiné le cours d’une vie.
Mon premier geste a été d'arpenter en filmant cet espace, en une tentative d'en cartographier toutes les fissures et les "plantes pionnières".
Novembre 2003